Construction circulaire
Quoi ?
L'économie circulaire est un modèle de production et de consommation qui consiste à partager, louer, réemployer, réparer, rénover et recycler les produits et matériaux le plus longtemps possible. Le cycle de vie des produits est ainsi étendu, ce qui permet de réduire à la fois l'utilisation de matières premières et la production de déchets. En pratique, lorsqu'un produit arrive en fin de vie, les ressources qui le composent sont maintenues autant que faire se peut dans le cycle économique. Elles pourront ainsi être utilisées encore et encore pour recréer de la valeur. Il s'agit d'une rupture par rapport au modèle économique linéaire traditionnel, qui repose sur le principe du « prendre-fabriquer-consommer-jeter » et qui nécessite par conséquent de grandes quantités de matériaux et d'énergie bon marché et facilement accessibles1 . Cette gestion en circuit fermé fait appel à deux cycles principaux : un cycle technique pour les produits, mis continuellement en circulation par le biais du réemploi, de la réparation, de la remise à neuf et du recyclage, et un cycle biologique pour les nutriments contenus dans les substances biodégradables, réintroduits à leur tour dans le cycle.
Pourquoi ?
L'objectif de l'économie circulaire est de prendre en compte les capacités limitées de notre planète à se régénérer, mais aussi les aspects liés au bien-être humain. Gérer les ressources en circuit fermé, avec des produits utilisés le plus longtemps possible et qui ne finissent pas en déchets, permet de créer de la valeur ajoutée tout en évitant les résidus non réutilisables.
Comment ?
Atteindre l’objectif d’une économie circulaire dans le secteur de la construction suppose de concevoir et de réaliser les nouveaux bâtiments selon les critères de la construction circulaire. La conservation des bâtiments existants ou leur utilisation comme gisement de matériaux et d'éléments constituent un autre aspect pertinent. La consommation de ressources et la quantité de déchets générés par les méthodes de construction des dernières décennies montrent clairement que la construction circulaire, au contraire, permet de minimiser les impacts environnementaux négatifs (impacts environnementaux) dans la construction.
- Critères de la construction circulaire
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Construire en circuit fermé signifie préserver les ressources en matériaux, utiliser les bâtiments et les ouvrages sur un temps long, les considérer comme des gisements de matières premières. Cela passe par le respect des critères suivants, qui concernent à la fois la phase d’études et la phase d'exécution du projet:
- efficacité foncière et préservation des ressources (terrain et constructions) ;
- flexibilité et possibilité de réutilisation les locaux pour d’autres usages (mode de construction, structure porteuse, etc.) ;
- choix de matériaux durables, locaux, non polluants, recyclables ;
- prolongation de la durée d'utilisation en tenant compte de la durée de vie des éléments et matériaux de construction (réparabilité et possibilités de remplacement) ;
- déconstructibilité, démontabilité et exploitation du potentiel de réemploi et de recyclage grâce à une conception optimisée des éléments, des composants et des matériaux de construction ;
- documentation et conservation des informations sur les matériaux tout au long du cycle de vie du bâtiment (passeport des matériaux et des ressources du bâtiment, BIM, concept d’ « urban mining » 2 ).
Pour préserver les ressources et réduire ainsi l'impact sur l'environnement, il existe une multitude de possibilités, notamment dans le choix des matériaux. On peut :
- utiliser des matériaux fabriqués de manière à préserver les ressources ;
- utiliser des matériaux recyclés ou comportant une part de recyclage ;
- utiliser des matériaux de construction à longue durée de vie ;
- utiliser des matériaux dont la valeur, en fin de vie, est élevée ;
- réintroduire les matériaux utilisés dans le cycle des matériaux ;
- réintroduire les déchets de chantier dans le cycle des matériaux (systèmes de reprise propres aux fabricants) ;
- recourir à des services plutôt qu’à des produits (par ex. pour l’éclairage).
- Accordion Approches circulaires de l'ACV (LCA)
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L’écobilan d'une construction consiste à considérer l'ensemble du cycle de vie du bâtiment, de la phase produits jusqu'à la fin de vie (impact environnemental). Dans la perspective de la construction circulaire, l'analyse du potentiel de réemploi et de recyclage des matériaux utilisés, réalisée grâce au système intitulé « Modul D », est amenée à jouer à l'avenir un rôle de plus en plus important. Mais c’est aussi tout au long du cycle de vie que l’on peut appliquer le concept des 4R de l'économie circulaire (Qu'est-ce qu'une construction circulaire) Dans les premières phases du cycle de vie, il s'agit d'utiliser moins de matériaux et de les utiliser de manière efficace => reduce. Pendant la phase d'utilisation du bâtiment, on s’intéresse aux possibilités de réparation => repair. A la fin du cycle de vie, l’accent est mis sur le réemploi => reuse et sur le recyclage => recycle. Dans le cadre d'un écobilan, c'est donc surtout le « Modul D » qui permet de bien évaluer la circularité des matériaux de construction.
Lorsqu’on effectue l'écobilan d'un bâtiment , c’est l'installation des matériaux qui constitue généralement la limite du système. La prise en compte du réemploi ou du recyclage potentiels à l'aide du « Modul D » n'est pas admise. De même, les données actuellement disponibles ne sont souvent pas suffisantes pour analyser le potentiel de circularité d'un bâtiment dans son ensemble. C'est pourquoi de nouveaux outils sont développés, par exemple par Madaster ou la DGNB (Deutsche Gesellschaft für Nachhaltiges Bauen), pour établir des passeports de ressources / de matériaux des bâtiments. L’objectif est de faciliter la mesure et la quantification de ces ressources. Cette documentation numérique des constructions et leur évaluation, par exemple à l'aide d'indicateurs tels que les indicateurs de démontabilité ou de circularité proposés par le système Madaster, devraient par ailleurs permettre d'éviter que des bâtiments existants soient simplement démolis, comme c'est généralement le cas. Mais le tri sélectif des matériaux démontés lors de la déconstruction n’est souvent pas possible, ce qui empêche leur réemploi. La plupart du temps, ils sont alors recyclés indirectement (downcycling), font l’objet d’une valorisation thermique ou sont mis en décharge.
- Initiatives et état des lieux au Luxembourg
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A l'avenir, le concept d’« urban mining » devrait trouver sa pleine application. Dans cette approche, la ville est considérée, par analogie avec les mines, comme un gisement de matériaux de valeur, pouvant être recyclés, d’où la notion de « mine urbaine ».
Le passeport des ressources d’un bâtiment est destiné à fournir les informations nécessaires concernant la circularité, la durabilité et la valeur financière des matériaux mis en œuvre. L'objectif est d'utiliser au mieux les ressources intégrées au bâtiment pour de l’« urban mining » - réhabilitation ou déconstruction ultérieure. Il s’agit de pouvoir mettre en relation et coordonner de manière optimale les phases précoces et tardives du cycle de vie des produits (conception et recyclage). Cela nécessite une transparence totale quant aux matériaux et composants utilisés, à la valeur de ceux-ci et à leurs détenteurs. Les informations nécessaires sont fournies par les bureaux d’étude impliqués dans la construction (données numérisées relatives aux bâtiments, analyses du cycle de vie, analyses du coût du cycle de vie etc.), et par les entreprises d’exécution (fiches techniques, déclarations environnementales de produits (DEP), fiches de données de circularité des produits (FDCP) etc.).
Au Luxembourg, le passeport des matériaux deviendra obligatoire à compter du 01.01.2025 pour tout bâtiment d'un volume supérieur ou égal à 3 500 m3, conformément à l'art. 23 de la loi du 10 juin 2022 portant adaptation de la loi sur les déchets.
Ce passeport des matériaux comprendra toutes les informations pertinentes pour la déconstruction ultérieure et le réemploi ou le recyclage, direct ou indirect, des produits et matériaux présents, par exemple leur emplacement et la manière dont ils ont été mis en œuvre.
Concept de déconstruction et inventaire des matériaux
Au Luxembourg, la loi du 21 mars 2012 relative à la gestion des déchets prévoit déjà, en cas de démolition, l’obligation d’effectuer un inventaire des matériaux du bâtiment. Cet inventaire doit être présenté sur demande à l'administration de l'Environnement. Il peut être utilisé pour la gestion des ressources. Dans le cadre de la procédure de déconstruction, il intervient pour :- l’étude, la réalisation et la documentation des travaux de déconstruction ;
- la saisie et l’évaluation des informations relatives au bâtiment considéré, l’estimation des quantités et la qualité des matériaux ;
- l’identification des polluants et le tri des matériaux pollués et non pollués ;
- l’identification des possibilités de réemploi et de recyclage.
La déconstruction des bâtiments joue un rôle clé dans la mise en œuvre de l'économie circulaire, en termes de possibilités de réemploi et de valorisation. L'élaboration d'un concept de déconstruction, avec un inventaire des matériaux, permet, en amont de la déconstruction, d'identifier ces potentiels et d'agir pour permettre un tri sélectif. Du point de vue de la protection de l'environnement et de la santé, il s’agit avant tout de séparer les fractions polluées et chargées de substances nocives des fractions non polluées, et de les éliminer conformément à la législation sur les déchets.
Les documents relatifs à la déconstruction des bâtiments peuvent être consultés en cliquant sur les liens suivants :- Guide de la déconstruction (2022)
- Guide pour l'élaboration de l'inventaire des matériaux de construction lors de la déconstruction (2018)
Une autre initiative luxembourgeoise pour la mise en œuvre de l'économie circulaire est la mise en place des fiches de données de circularité des produits (FDCP). Cette initiative du ministère de l'Économie vise à permettre d'accéder à des données fiables sur la circularité en question. Une cinquantaine d'entreprises se sont réunies pour mettre en place un système de présentation, d'audit et de protocole d'échange des données. Ce système est destiné à monter en puissance ; la plateforme d'échange de données est actuellement encore en cours d'élaboration.
La direction de la Construction durable et de l'économie circulaire du ministère de l'Énergie et de l'Aménagement du territoire a par ailleurs initié une base de données dans laquelle sont répertoriés les produits dont l'innocuité pour la santé a été prouvée. Cette base de données, avec une description de la méthodologie sous-jacente ainsi que d'autres outils pour une construction saine, sont disponibles depuis mi-2023 sur www.claire-construction.lu.
Le développement des bases de données est un processus continu et une révision
The Circular Economy - a Powerful Force for Climate Mitigation (2018)
Report investigating how a more circular economy can contribute to cutting CO2 emissions. It explores a broad range of opportunities for the four largest materials in terms of emissions (steel, plastics, aluminium, and cement) and two large use segments for these materials (passenger cars and buildings).
Feuille de Route Construction Bas Carbone - Luxembourg
Afin de faire le lien entre l’empreinte carbone d’un bâtiment dans le contexte de la Directive sur la Performance Énergétique des Bâtiments (DPEB) et les objectifs sectoriels nationaux, un budget carbone annuel en [kgCO2-eq/m2 ] est à fixer pour les « émissions incorporées » des nouveaux projets de construction (et rénovation) qui est en cohérence avec les objectifs sectoriels de réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) jusqu’en 2030.
Circular Innovation Hub
Formations professionnelles
Cette page présente les différents modules de formation et ateliers proposés par le Circular Innovation HUB à destination du public professionnel.Ces formations sont en lien avec l’expérience de Wiltz en tant que Hotspot de l’économie circulaire au Luxembourg. Ces formations sont construites dans l’esprit d’ateliers, amenant les participants à être acteurs du processus d’apprentissage et à se mettre en situation réelle avec la mise en pratique des nouvelles informations apprises. Ceci afin d’assurer une meilleure compréhension et acquisition de la matière.Les ateliers fonctionnent sur un format court (max. 4h) afin d’optimiser le temps de concentration des participants. Ces formats courts permettent également aux participants de sélectionner les ateliers qui correspondent au mieux à leurs besoins et ainsi de créer leur propre parcours d’apprentissage, individuel et spécifique.Le public cible principal pour ces formations sont les communes et administrations publiques ainsi que les entreprises ou bureaux d’études amenés à accompagner ces administrations et communes dans la réalisation de leurs projets.
Rédigé par: 13. juillet 2023 Dernière modification 14. octobre 2024